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tuer tous à crédit : Monſeigneur, le Conſeil vaut
mieux, que Gamaliel donna iadis, lors qu’on
pouſuivoit les Apoſ‍tres : c’eſ‍t de laiſ‍ſer ces gẽs en
paix : car ſi leur cõſeil ou doc‍trine eſ‍t des hõmes,
ſoyez certain qu’il ſera desfaic‍t tout à plat : que
ſi ceſ‍te œuure eſ‍t de Dieu, iamais on ne la pourra
def‍faire. Les estats aſ‍ſemblez à Orleans, quel-
ques partiaux qu’ils fuſ‍ſent, & peu libres, furẽt
cõme vous ſcauez, de ceſ‍t auis : les grãs perſonna
ges de là Frãce, apres auoir ouy les miniſ‍tres des
Huguenots à Poißy, conſeillerẽt la meſme choſe.
Ainſi, ſi vous tenez ce train, il ne faut ià que
vous doutiez, que les Huguenots ne deſirent vo
ſ‍tre auancemẽt, & grãdeur : & qu’ils n’oublyẽt
ayſeemẽt tout ce qu’ils ont receu de perte par vos
deuanciers, & parens : eſ‍tant choſe toute aſ‍ſeu-
ree, que les iniures nouuelles qu’on leur va iour
nellemẽt multipliãt, leur font perdre la memoi-
re des vieilles: Et que piecà on ne parle plus que
des tours de la Royne mere, de Birague, du Perõ,
& tels eſ‍taf‍fiers qui maniẽt tout ce poure Royau
me en rond, de pié coy, & à Paſ‍ſades, & tout ain
ſi cõme il leur plaiſ‍t. Außi ne faut il pas douter
que ceſ‍te voye debõnaire ne plaiſe bien aux Ca-
tholiques, deſquels les vns, partrop laſ‍ſez, ne de
mandent que le repos : & les autres, ont touſiours
eu en horreur toute cruauté.