Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
D I A L O G V EI I.

eſ‍tre iuge. Et nous auons (comme tu ſcay) à traiter d’vne autre matiere : toutefois pource que ceſ‍t affaire importe tant à l’Egliſe de Dieu, ſi tu veux, afin que faute de raiſons, on ne laiſ‍ſe plus lõguement vne punition ſi neceſ‍ſaire en arriere, ie tiendray le parti de la royne d’Eſcoſ‍ſe (par forme de deuis) & t’allegueray au mieux mal qu’il me ſera poſsible, tout ce que ces partizans alleguent, pour l’exempter de ſon dernier ſupplice, toy au contraire debatras ce qu’il te ſemblera eftre raiſonnable, ſelon l’eſ‍tat & la conſcience pour le biẽ de ce peuple-là. I’ay bon moyen d’en aduertir des Myllords qui me ſont amis. Apres cecy, ie te feray entendre le ſuccez de tout mon voyage.

Le pol. Ie le veux bien, & ſi ne fay point de doute que ie n’en puiſ‍ſe bien reſoudre ceux qui ſans paſsion auec vn iugemẽt pur & net, voudront meſurer mes raiſons. Mais deuant que paſ‍ſer outre, ie ſuis d’auis qu’en ce fait-cy (comme en toute autre matiere d’eſ‍tat) nous ayons deux conſiderations conioinc‍tement, L’vne, Si ce qu’on propoſe eſ‍t honeſ‍te, l’autre, S’il eſ‍t vtile. Ceux qui en matieres d’eſ‍tat, dient qu’il ne faut cõſiderer que l’vtilité, monſ‍trent qu’ils n’ont guere l’honneur, & encores moins la conſcience en recommandatiõ. Le populace d’Athenes ſuffit pour leur faire hõte au iugement qu’il donna, du conſeil que Themiſ‍tocles leur vouloit bailler ſãs le déclarer qu’à vn. Ils eſleurent (comme tu ſcay) pour l’ouyr non point le plus affec‍tionné à l’amplification de leur Republique, ains Ariſ‍tides le plus iuſ‍te, auquel

apres qu’il leur eut rapporté que le cõſeil de The-

b