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D I A L O G V EI.


Phil. Et moy auſsi.

L’hiſ‍t. Ie trouue ce que Daniel a dit ſi ſainc‍t, que non ſeulement ie ſoubſcris à la verité du faic‍t, à l’aduis qu’il dõne à tous Princes qui ont receu l’Euangile, & à l’ordre qu’il donne aux poures François. Mais auſsi (par la grace de Dieu, qui m’a touché en l’oyant diſcourir du faic‍t des Huguenots) pour beaucoup de circonſ‍tances, en la conſideration deſquelles il m’a fait entrer, ie croy qu’ils ſõt gens de bien, & qu’ils tienent la vraye pureté de religion Chreſ‍tiene : meſmement quand ie me remets en memoire de leur confeſsion de foy (qui eſ‍t imprimee au bout des Pſeaumes de Dauid) laquelle i’ay leue & releue pluſieurs fois : Mais pour ce que deuant qu’y mettre le nez, ie m’eſ‍toy’ touſiours propoſé de ne rien croire de ce qui y eſ‍t cõtenu, de peur d’eſ‍tre ſurprins, comme noſ‍tre curé nous a touſiours dit, qu’il eſ‍t mal-aiſé de lire vn liure des Huguenots ſans le deuenir : Ie n’y auoy’ pas prins garde de ſi pres, mais ie ſuis content d’eſ‍tre trompé de ceſ‍te ſorte. Et au ſurplus ie m’aſ‍ſeure, comme Daniel a dit, que Dieu ne laiſ‍ſera impunie (quoy qu’il tarde) la meſchanceté qui a eſ‍té faite aux poures Huguenots François : Et les meſchans ont beau en rire, car ils ne ſcauroyent attacher au bout de leur vie celle des Huguenots, qu’ils leur oſ‍tent ſi licencieuſemẽt, comme s’il n’eſ‍toit point de Dieu. Or à luy ſoit louange, de la grace qu’il me fait de m’ouurir les yeux, me communiquer ſa lumière, & m’eſlõgner des tenebres : le priant qu’il me fortifie, pour pouuoir, ſi beſoin

eſ‍t, ſouffrir & endurer pour le teſmoignage de ſa

verité,