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D I A L O G V EI.

bileté de main : Que s’ils y veulent aller à force ouuerte (mais qu’il n’en deſplaiſe au Roy) meſ‍ſieurs de Lorraine mettront deux fois plus de gẽs en campagne, qu’il n’y en ſcauroit mettre. Ils ont plus d’amis, & plus de villes partizanes qu’il n’a. Et tenez vous pour tous aſ‍ſeurez, qu’à tout euenement, ſi la couronne de France s’en va perdre, ou changer de maiſ‍tre, ils l’aimeront mieux ſur leur teſ‍te, que ſur celle d’vn Prince eſ‍trãger. Pour ma part, ayant veu le peu de ſeurete qu’il y a ſous le regne d’àpreſent ie l’aimeroy beaucoup mieux (puis qu’il faut que ie le die) en la maiſon de Lorraine, que là où elle eſ‍t. Et diray vne choſe que le Huguenot (deſpité pour iamais, & deſgouté en toutes ſortes de la maiſon de Valois) ſeroit bien aiſe, voire s’employeroit (à mon aduis) à ce que la maiſon de Lorraine recouuraſ‍t ce qui leur appartient : s’aſ‍ſeurant bien qu’elle lairroit la conſcience du Huguenot libre & l’exercice de ſa religion, & luy garderoit la foy qui luy auroit eſ‍té promiſe : ſe ſouuenant du malheur que la deſloyauté auroit apporté à ſon maiſ‍tre. Deſia ont-ils donné quelque occaſion aux Huguenots, de croire qu’ils ne leur ſont pas ſi aſpres comme on crioit. Ils en ont ſauué, comme a dit l’Hiſ‍toriographe, beaucoup, & en ſauuent ſecretement tous les iours.
Au reſ‍te, ils ont fait porter la marote au Roy (ſi vous y auez prins garde) de toute ceſ‍te tuerie, tant pour n’en auoir le blaſme, que pour moyenner que la furie des petits ou des grans s’eſleuant, elle ſe deſcharge ſur celuy qui ſe vante de l’auoir

fait faire. Ils ſe ſont bien gardez, d’en vouloir prẽ-

G.v.