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D I A L O G V EI.

efcartez, l’vn en Languedoc, l’autre à l’Iſle-Adam, l’autre çà, l’autre là,: l’on a beau faire ſemblant de n’auoir ſouci que de la chaſ‍ſe & de la vollerie : les voyages qu’il a faits en cour, ny tout le viſage qu’il y reçoit y eſ‍tant, ne le garantiront non plus que l’Amiral : & s’il ſe ſouuient de l’aduis qu’il donna au comte d’Aiguemont allant en Eſpagne, & de la faute qu’il fit à ne le croire, il ne s’y fiera. L’autre a beau s’employer à ce qu’on luy commande, & les autres ont beau contrefaire les fats & les mitouards : le Roy ne croira iamais qu’ils puiſ‍ſent oublier l’iniure qui a eſ‍té faite à leur maiſon : ſon conſeil eſ‍t trop fin & ruſé, pour ſe laiſ‍ſer perſuader vue ſi grande aſnerie.
La maiſon de Guyſe, maintenãt qu’elle ſe voit depeſ‍tree de ceux qui s’oppoſoyent à ſa grãdeur, & leſquels ſeuls pouuoyent empeſcher ſes deſ‍ſeins, n’ayant plus que ceux-cy de Montmorency à tuer, pour pouuoir dire, Tout le reſ‍te m’aime : à voſ‍tre aduis s’elle ſe ſcaura bien venger des traic‍ts, que la maiſon de Montmorẽcy luy a faits : de ce beau liure des marchands de Paris, que le mareſchal de Montmorency fit faire à la Planche contre leur maiſon : de la peur & honte qu’il fit receuoir au cardinal de Lorraine à ſon entree dans Paris, dont la chanſon de fy-fy a prins ſon origine. Et ie m’aſ‍ſeure s’il ne gaigne le deuant, qu’il ſera accommodé comme les autres.
Au reſ‍te, à quoy tient-il que ceux de Lorraine (qu’on ſcait bien eſ‍tre deſcendus de Charlemagne, & priuez de la couronne de France) ne la recouurent

maintenant ? II ne tient ia qu’à vne ha-

bileté