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D I A L O G V EI.

re qui branſle : mais auſsi pour raffermir & aſ‍ſeurer ſon eſ‍tat de Flandres, qui autrement eſ‍t en voye d’eſ‍tre perdu, pour la bonne conduite de ce vieil reſueur le duc d’Albe. Que ſi le roy d’Eſpagne ne ſe veut ſeruir en ceſ‍t affaire du prince d’Orenge, aimant mieux perdre tout à plat ſon eſ‍tat de Flandres, que de le conſeruer par ſon moyen, & en acquerir vn autre : cela s’appelle ſe courroucer contre ſes morceaux. Mais quoy qu’il en ſoit, s’il aime mieux y employer monſieur de Sauoye, en luy laiſ‍ſant pour ſon partage, le Lyonois, Dauphiné & Prouence, contigus à ſon eſ‍tat : ie ne doute pas que ce Prince, qui a occaſion de ſe reſ‍ſentir des torts que la France à fait à ſon feu pere & à luy-meſmes luy qui eſ‍t guerrier & ſage, & qui a la reputation de garder inuioiablement la foy à ſes ſuiets Huguenots, n’acquiere facilement & en peu de temps, ſinon tout, au moins la plus grande partie de France : Surquoy (pour les difficultez & meſ‍ſeances procedantes d’alliances & affinitez que quelques vns pourroyent alleguer, pour deſguiſer le mal qui eſ‍t à la porte) ie diray que les grands n’ont point accouſ‍tumé de pardonner à loix d’amitié, d’affinité, ou d’autre confederation quelques ancienes qu’elles ſoyent, quãd il eſ‍t queſ‍tion d’amplifier & d’eſ‍tendre leur Empire : ains plantent touſiours les limites de leur terre, là où la poinc‍te de leur eſpee peut arriuer.
Au demeurant, quant au roy d’Eſpagne, il n’a pas faute de priſes ſuffiſantes ſur le Roy. Pour auoir ſuborné les villes de ſõ obeiſ‍ſãce au pays bas

voulu ſubuertir ſes eſ‍tas par pratiques : entretenu

G.ii.