Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
D I A L O G V EI.

terre : Vueilles, grand Dieu, auoir eſgard aux cris & gemiſ‍ſemens de tant de poures vefues, & de poures enfans orphelins. Souuienne toy des plainc‍tes des priſonniers. Reſerue en vie ſelon la grandeur de ta force, tes enfans deſ‍tinez à la mort. Et rends à nos voiſins ſept fois au double, l’outrage duquel ils t’ont diffamé, Seigneur.

Phil. Amen.
L’hiſ‍t. Encore n’eſ‍t-ce pas tout : Car comme ie diſois tantoſ‍t (lors que tu m’as interrompu) quelque grande tuerie qu’il y ait eu en France, la cholere du Roy ne paſ‍ſera iamais, pendant qu’il y aura vn Huguenot en vie. Encore iure-il par le ventre Dieu, qu’ils ont beau faire, que la Meſ‍ſe ne les ſauuera-ia.
Ali. Iamais en ſa vie il n’a dit parole plus veritable : Mais comment l’entend il ie te prie ?
L’hiſ‍t. Il n’a garde de l’entendre comme les Huguenots l’entendent, qui maintienent que le Pape, noſ‍tre bonne intention, nos bonnes œuures, les merites des Sainc‍ts, le bois de la ſainc‍te croix, les grans pelerinages, l’eau beniſ‍te, la ſainc‍te & digne meſ‍ſe, & tout cela enſemble, & chacun d’eux ſeul & pour le tout, ne nous peut ſauuer : ains ſeulement Dieu par ſa pure grace, & par la miſericorde qu’il fait à ceux qui eſperẽt en luy, deſpouillez de toute arrogance & fierté, humiliez & abbatus par le ſentimẽt de leurs fautes, & appuyez ſur le ſeul merite de la mort & paſsion de noſ‍tre Seigneur Iefus Chriſ‍t. Il n’a di-ie, garde de parler de ce ſalut-là, il n‘y penſe pas.
Ali. Ie le croy. II appert euidemment par ſes