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D I A L O G V EI.

Tirons, mort-Dieu, ils s’enfuyent. A ce ſpec‍tacle ne ſachãs les Huguenots des fauxbourgs que croire, furent contrains qui à pied, qui à cheual, qui botté, & qui ſans bottes & eſperons, laiſ‍ſans tout ce qu’ils auoyent de plus precieux, s’enfuir pour ſauuer leur vie, là où ils cuidoyẽt auoir lieu de refuge plus aſ‍ſeuré. Ils ne furent pas partis que les ſoldats, les Suyſ‍ſes de la garde du Roy, & aucuns des courtiſans, ſaccagerent leurs logis, tuans tous ceux qu ils trouuerent de reſ‍te.
Encores vint-il bien à propos, que le duc de Guyſe voulãt ſortir par la porte de Buſ‍ſy, ſe trouua auoir eſ‍té pris vne clef pour l’autre, ce qui dõna tint plus de loiſir de monter à cheual aux pareſ‍ſeux. Et ne laiſ‍ſerent pourtant d’eſ‍tre pourſuyuis par le duc de Guyſe, le duc d’Aumale, le cheualier d’Angouleſme, & par pluſieurs gentils- hommes tueurs, enuiron huic‍t lieues loin de Paris, le duc de Guyſe fut iuſques à Montfort, où il s’arreſ‍ta, & manda à ſainc‍t Cegier & autres gentils-hommes d’alentour, de ſon humeur & partiſans ſiens, de faire en ſorte, que leſdic‍ts ſeigneurs & gentils-hommes qui ſe ſauuoyent de viſ‍teſ‍ſe, n’eſchappaſ‍ſent point : autant en enuoya-il dire à ceux de Houdã & de Dreux. En ceſ‍te chaſ‍ſe d’hõmes, il y en eut quelques vns de bleſ‍ſez, & biẽ peu ou point de tuez.
Les ducs de Guyſe & d’Aumale, quelque ſemblant qu’ils fiſ‍ſent, s’y deporterẽt aſ‍ſez doucemẽt, & comme ſi leur cholere fuſ‍t appaiſee apres la mort de l’Amiral : ils ſauuerent à beaucoup la vie, meſmes en leur maiſon de Guyſe, où le ſeigneur