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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

civilisation millénaire ! Voilà des races ! Ici, au contraire, dans ce pays d’Imérina, je cherche la race, celle dont vous parlez sans cesse, et je ne la trouve pas. Tous les types de l’Afrique et de l’Asie y semblent confondus. Les teints y varient du plus beau noir à l’olivâtre, au jaune, au rouge et presque au blanc. Les cheveux y sont crépus, crépelés, plats, ondulés.

— Voyez nos ramatous, dit Jean Romain. La mienne ressemble à une Tahitienne, Ralinour dans son kimono a l’air d’une Japonaise, et Razane serait presque une statue grecque, coulée en un bronze très clair.

— Et ceux-ci, s’écria Cosquant, montrant les musiciens. Le vieux flûtiste a le galbe d’un Arabe, avec son lamba pour burnous. Quant à ce joueur de valîh, c’est un pur nègre, un Makoua d’Afrique.

Le sceptique Desroches intervint, s’adressant particulièrement à Berlier :

— Problème à jamais indéchiffrable que celui des origines malgaches ! Mais, quoi que vous en disiez tous, le pigment de la peau est singulièrement foncé aussi bien chez les Imériniens que chez les Mahafâli ou les Betsimisâraka. Ne serait-ce pas du continent africain, tout proche, que seraient venues les premières populations de ce sol, les mystérieux Vazimbas, dont on retrouve, paraît-il, le nom quelque part dans le Mozambique. Et un érudit n’a-t-il pas découvert des concordances singulières entre la langue malgache et les dialectes bantous ?

Mais des protestations s’élevèrent.