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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

du mariage. Il va sans dire que le divorce par consentement mutuel et pour simple incompatibilité d’humeur en était une autre. Enfin, quand l’un des époux quittait Tananarive ou l’Imerina pour une longue période, l’autre avait le droit soit de divorcer, soit de contracter une union provisoire. Ainsi, d’après les mœurs d’autrefois, Razane et Claude se trouvaient libres tous deux, du fait que l’étranger partait pour la France.

Certaines ramatous nouveau jeu feignaient, à l’heure des séparations momentanées ou définitives, un désespoir sans bornes ; mais bien peu d’Européens étaient dupes de ces manifestations étrangères au caractère indigène.

Tout se passa comme le prévoyait Saldagne. Razane rentra, très naturelle. Claude lui raconta sa promenade dans le petit sentier malgache, au quartier d’Ambanidie, et ce qu’il avait vu. La précision des détails fut telle que la ramatou ne nia point. Il dit qu’il ne lui en voulait pas, qu’il la suppliait de ne donner aucune explication ; il ajouta que, rappelé en France, il allait partir avant un mois. Dans ces conditions, et en raison du petit incident de tout à l’heure, il avait décidé que leur union temporaire prendrait fin ce jour même. Il lui remit quelques billets bleus en la remerciant d’être venue habiter la case d’Ambouhipoutse, et lui souhaita de trouver promptement un nouvel époux, si tel était son désir. Il la pria enfin de choisir parmi les meubles et les objets ménagers ceux qui pourraient lui plaire. Les jours