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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

— Nous ne sommes pas en France. Ici, en l’absence des héritiers dit défunt, tous ses biens, meubles et immeubles, vont être vendus par les soins du curateur aux biens vacants. Le tombeau changera donc de maître en même temps que le jardin et la maison, et l’ancien propriétaire ne saurait y être enterré.

— Mais les Malgaches ont tous des tombeaux de famille comme celui-ci…

— Votre ami avait-il le statut malgache, ou le statut européen ?

— Cependant…

— Monsieur, je ne suis pas payé pour entendre vos boniments…

Et le commis, détenteur d’une parcelle de l’Autorité Publique, ajouta d’un ton tranchant :

— Voulez-vous prendre ce certificat pour servir à ce que de droit, ou bien dois-je téléphoner à M. le Commissaire Central de pourvoir d’urgence, et aux frais de la succession vacante, à l’inhumation du sieur Berlier ?

Saldagne comprit qu’il était inutile d’insister. Il accepta l’imprimé qu’on lui offrait, le plia, le mit dans sa poche, et s’en fut frapper à la porte de l’Administrateur-Maire, homme fort intelligent et très aimable, Celui-ci l’écouta avec beaucoup de courtoisie et s’excusa d’être obligé de confirmer les déclarations de son commis.

— Même dans la métropole, une demande du genre de celle que vous formulez se heurterait à des difficultés sans nombre, et, en tout cas, l’inhumation devrait avoir lieu provisoirement dans un cimetière.