Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

boy, attiré par les cris, accourait ; il expliqua que c’étaient les enfants d’une famille apparentée à Razane ; le père, la mère et toute leur progéniture logeaient là depuis un mois environ ; leur maison en pisé s’était écroulée à la suite des pluies, et on leur donnait l’hospitalité jusqu’à ce qu’une autre fût édifiée.

Saldagne, bienfaiteur sans le savoir de mainte famille dans la détresse, ne s’attarda pas plus longtemps dans les communs parmi les hospitalisés de son vasselage, et revint dans son jardin seigneurial. Le personnel domestique s’y reposait, accroupi. À l’arrivée du maître, tous se levèrent et allèrent discrètement continuer leur sieste à l’ombre de la varangue. À ce moment la grande porte du jardin s’ouvrit : Razane rentrait ; les quatre bourjanes, au grand trot, vinrent déposer le filanzane aux pieds de Claude ; un jeune garçon courait derrière, avec un énorme paquet dans les bras, et la jeune femme s’écria :

— Devine, Raclaude, ce que je viens d’acheter au Louvre…

Elle ajouta tout de suite :

— Je n’ai pas pu payer, parce que je n’avais plus d’argent…