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V

les voix du passé


La montagne tananarivienne, île de gneiss rouge dans la mer verte des rizières, s’abaisse de tous côtés en promontoires, chevelus d’arbres ou hérissés de maisons. L’un d’eux, celui d’Isourake, abrite un petit lac, miroir rond où se reflète la silhouette de Tananarive-la-Haute, et cache au milieu des frondaisons de vieilles cases inconfortables, bâties par les princes et les marchands des anciens jours. C’est dans ce quartier, peu apprécié des Européens[1], que Berlier avait choisi son habitation et préparé son tombeau, à la mode imérinienne. Claude allait souvent le voir, déjeunait chez lui presque chaque semaine avec Zane. D’ordinaire la table était mise dans un kiosque formé de six piliers de briques soutenant un toit de chaume, au bord extrême du jardin, en face de Tananarive.

  1. Ceci était vrai en 1909 ; depuis, Isourake est devenu un quartier à demi Européen.