Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

trouvez-vous pas que nos ramatous valent les belles « madames » des soirées de la Résidence ?

— Elles sont charmantes, je l’avoue.

— Et leur décolletage, qu’en dites-vous ?

— Joli, en vérité… Pourtant quelques-unes sont empâtées. Voyez cette grosse matrone que fait danser notre ami Romain, par politesse assurément.

— C’est la femme légitime d’un commerçant indigène ; elle reçoit beaucoup, et ménage, dit-on, des entrevues avec ses jeunes amies aux Européens qui ont l’heur de lui plaire. Je vous la concède comme peu séduisante, ainsi que la fille métisse d’une tante de la reine, cette grande maigre au nez busqué, assise la bas sous les palmes. Mais tant d’autres sont jolies !

— Du reste elles sont choisies, je pense, et rassemblées pour le plaisir de nos yeux. N’est-ce pas le dessus du panier de Tananarive ?

— Non, ce n’est qu’une gerbe rassemblée presque au hasard dans les jardins d’Iarive… Tous les jours ne rencontrons-nous pas dans les rues dix jeunes femmes inconnues, d’un charme étrange et exquis ?…

— Moi, interrompit Cosquant, qui les écoutait depuis une minute, je les aime toutes, les belles ramatous si diverses, si puériles, si voluptueuses, si ardentes au plaisir, si femmes en un mot ! Votre Razane, avec ses traits réguliers et son visage d’enfant ! Rakèta, qui rit toujours, tant elle trouve la vie bonne et qui ne la rend pas désagréable à notre ami Romain, et la fière Ralinoure que Berlier aime parce