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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

sombre, contrastaient avec les figures pôles des Européens.

Les femmes intéressaient Claude davantage ; il y en avait de toutes les conditions, de toutes les castes, de tous les types : Andrianes au teint clair, aux paupières bridées, presque des Japonaises ; Houves à la frimousse éveillée, aux yeux emplis de candeur feinte ; quelques bourgeoises cossues et luisantes, bonnes commères gaies, avec de triples mentons ; même des filles d’esclaves, au visage rond, un peu plat, d’une bestialité tranquille. Toilettes aussi diverses que les femmes : beaucoup gardaient la véritable coiffure malgache, les nattes réunies en torsade sous la nuque ; d’autres, en robes venues de France, conservaient des modes d’antan un petit lamba léger, en mousseline de soie ; certaines n’avaient même qu’une écharpe, dont elles se servaient, avec des gestes menus et gracieux, pour s’envelopper tantôt le buste, tantôt la tête et les épaules. Claude ne se lassait pas d’admirer leurs mouvements souples, et le bel effet des écharpes transparentes moulant une épaule ou un sein, mettant en valeur la ligne harmonieuse de la nuque ou la molle cambrure de la taille.

Berlier vint retrouver Saldagne. Il exultait.

— Eh bien ! que dites-vous de nos bals malgaches ?

— Je me recueille encore, j’hésite ; l’étrangeté de ce que je vois me déconcerte un peu.

— Très bien, voilà que vous parlez comme un Imérinien. Asa, que sais-je ? Mais encore ? Ne