Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

— Chez nous. Il vient souvent. C’est mon frère

— Il n’habite donc pas Tananarive ?

— Si. Mais il s’engage après-demain aux Tirailleurs malgaches. Il est venu dans notre village pour…

Elle hésitait. Lui, pris de curiosité, insista.

— Pourquoi faire ?

— C’est difficile à expliquer. Tu te moqueras de nous. Il y a près d’ici un tombeau très vénéré ; on y fait des cérémonies et on obtient ce qu’on désire. Mes parents viendront aussi ce soir. Demain ils iront tous la-bas. Ensuite il n’arrivera rien de mal à mon frère.

— Je voudrais bien assister à cette cérémonie, Zane… Crois-tu que la présence d’un Français gênerait les tiens ?

— Je ne sais pas.

La famille, interrogée, se concerta. Après de vifs colloques, Razane dit à Claude qu’il était invité au sacrifice du lendemain. Il dormit, cette nuit-là, sous le même toit que ses parents malgaches.

On partit à l’heure où l’Œil-du-jour regarde par-dessus la montagne. C’était un lumineux matin d’Imérina, sans brume, transparent comme un midi. Toute la famille se trouvait rassemblée, paysans d’Imérimandzak, citadins d’Iarive, parents pauvres partis jadis pour chercher fortune dans des villages neufs, les hommes munis des amulettes sacrées, les