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sa faim du riz et des brèdes, avec des sauterelles frites ou du poisson séché ; tous les ans son maître lui faisait cadeau d’un salaka et d’un lamba neuf. A vingt ans il épousa une femme de sa race, une Betsileo, esclave comme lui. Dès qu’ils eurent un enfant, le maître les établit aux confins de la plaine de Betsimitatra, dans une case spacieuse, au milieu d’une vaste étendue de rizières et de marais. Il put exploiter, comme il le voulait, ce domaine, avec des travailleurs engagés par lui ; il devait seulement la moitié de la récolte et des bêtes que nourrissait sa terre. Il était plus sûr du lendemain que bien des hommes libres, et n’avait rien à craindre ni des exactions des gouverneurs, ni des caprices du fandzakana ; car le nom de son maître le protégeait et sa redevance annuelle l’exemptait des corvées.

Il vivait heureux, ignoré et tranquille. Rainiketamanga, content de l’accroissement du troupeau et du rendement des rizières, lui avait promis pour son fils la continuation du métayage et l’avait autorisé à construire près de la case un tombeau, selon le rite imérinien, pour y vénérer les morts. Ainsi la race de l’esclave Betsileo semblait fixée sur le sol de l’Imerina, au pied de la colline verte d’Ambouhidratrimou, et la fortune de sa famille paraissait solidement établie, tant que les successeurs d’Andrianampouinimerina régneraient sur la montagne