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Quand Villebois revint de son chantier, il retrouva le métis au même endroit et dans la même posture. Allevent grignotait des vouandzou, dont il rejetait négligemment les cosses. Le plancher de bambou, autour de lui, en était couvert.

— Vous avez faim ?

— Non. L’appétit n’est pas nécessaire pour manger des pistaches. Je fais comme le sanglier mâle qui mâche des insectes pour s’exercer les dents. Et vous ? Conformément aux impulsions de votre race, vous vous êtes bien fatigué toute la journée, et ce soir nous sommes arrivés, moi et vous, au même résultat : nous avons vieilli d’un jour.

Villebois ne continua pas la conversation. Il était excédé de ces atermoiements. Sans doute le métis ne cherchait qu’à se faire nourrir pendant quelques jours, lui et ses hommes. A quoi bon se mettre en colère ? En était-on à une vata de riz ? Il fallait éviter surtout de se trouver en état d’infériorité vis-à-vis de ce demi-blanc, dont on ne savait pas s’il était plus civilisé encore que ne le faisaient croire ses citations latines, ou plus sauvage que ne le montraient son costume et ses pratiques superstitieuses.

Donc, pendant le troisième jour, le colon vaqua, sans plus s’occuper du métis, à ses occupations ordinaires, et c’est d’un air distrait qu’il écouta l’annonce d’un nouvel empêchement, dû à la figure oulimahery, signe de sortilèges.