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ananas, vers le petit lac. Sur le gros rocher rond, baigné par les eaux tranquilles, plusieurs femmes lavaient du linge. L’une avait le teint clair, le nez petit, les lèvres minces des Houves de bonne caste. C’était Ravô la deuxième, car, par un hasard singulier, elle s’appelait Ravô, et la belle-mère lui trouva une vague ressemblance avec la morte, à qui elle était du reste apparentée.

La fille plia son linge, mit le paquet sur sa tête, à la mode malgache, et on revint ensemble à la case. Un interminable entretien s’engagea entre les trois femmes. La tante et l’étrangère vantaient les avantages de l’union projetée ; l’intéressée se faisait prier un peu, par caprice, par coquetterie, par calcul, enfin parce que c’était la tradition des Imériniennes. La mère de Rafaralahy, sûre du consentement final s’inquiétait pourtant de ces lenteurs ; elle sentait que les heures de son fils étaient peut-être comptées. Pour en finir, elle ôta de sa main droite une lourde bague d’or ciselée par un Indien de Majunga, la passa au doigt de sa future bru, comme arrhes du don de sa personne. Elle lui promit, à Tananarive, des lambas de soie, des akandzou brodés garnis de dentelles, des jupons vazaha du Louvre. La jeune fille, qui portait des lambas de coton et de grossiers bijoux malgaches en argent, ne sut pas résister à la perspective d’une si brillante fortune. Elle jura d’être prête, et le fut,