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par les dalles de pierre, où tous les ans, au mois rituel, les Malgaches retournent les défunts dans leur suaire rouge.

Maintenant Rafaralahy ne gardait plus de son christianisme que l’inébranlable foi dans la réunion avec Ravô ; sa douleur avait remué en lui tout le tréfonds du paganisme héréditaire et fait remonter des abîmes de la race d’ancestrales croyances, en apparence abolies.

C’est à elles qu’il demanda la réalisation du suicide suggéré par l’idée chrétienne. Il gardait la répulsion instinctive de tous les primitifs pour le geste brutal qui supprime la vie ; le suicide, avant l’introduction du christianisme, était inconnu à Madagascar. Donc, pour rejoindre Ravô, il commença par violer les fady qui font mourir. Il pila de la cendre dans le mortier à riz, il attisa le feu avec son couteau, et balaya la maison en marchant vers le sud. Il se lava la figure et se coupa les ongles pendant la nuit ; il s’étendit pour dormir dans le coin sud-est de la case, interdit aux vivants.

Puis, la sanction de ces fady tardant à venir, il en viola d’autres, plus redoutés. Il tua l’oiseau vourondreou, dont la mort est suivie de près par celle de son meurtrier. Il sema du riz vers l’heure où le soleil, à son déclin, incendie la rizière de lueurs rouges. Il trouva une natte sur laquelle Ravô, lorsqu’elle vivait, s’était couchée, et il y dormit, avec l’