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lui avait confié que sa mère, concierge au Marais, lui avait recommandé de se faire toujours ôter ses bottines, la première fois, par un amant ; celui qui déchaussait l’autre devait porter les culottes dans le ménage.

Était-ce pour une raison analogue que la petite sauvagesse voulait se faire ramasser son lamba ? Il était bien décidé à ne pas faire ce geste humiliant. Ne serait-ce pas le symbole de sa déchéance en face d’une femme de race inférieure ? Il n’entendait parler que de vazaha chambrés et bernés par leurs ramatous. Allait-il en venir là, lui aussi, après s’être défendu pendant trois mois contre l’aveulissement des concubinages indigènes ?

Pourtant il regardait Raketaka et la désirait éperdument. En plus de sa grâce voluptueuse et exotique, elle avait maintenant l’attrait du fruit défendu, puisqu’il s’interdisait le geste qui devait les rapprocher. Mais sa vanité masculine et sa fierté européenne commençaient à faiblir devant le charme obscur d’une petite fille houve. Au fond de lui-même il souhaitait déjà de trouver quelque prétexte pour ramasser le lamba.

Raketaka sentit que la victoire penchait en sa faveur, que le vazaha allait être à sa merci. Elle emplit de nouveau ses yeux de sensualité candide, et dit :

— Bébert, ramasse-moi mon lamba…