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qui se faisaient sur le visage, avec une sorte de terre blanche, des dessins bizarres ; il flâna parmi les cases des marchands houves où les vendeuses, accroupies par terre et drapées dans leurs lambas, attendent avec un éternel sourire la venue du client ; il parcourut les rues indiennes, le bourg sakalave, le clan comorien, et partout il avait la même obsession des effluves troublants qu’exhalaient dans l’ardeur des étés les femmes et les daturas.

Quand se coucha le soleil, il revint vers la ville. Des théories de femmes y descendaient, parce qu’approchait l’heure australe du berger, où les marchandes d’amour quittent leurs cases pour gagner les maisons de pierre et de bois des Européens. Il pensa que dans ce troupeau était celle qui lui était destinée, et s’amusa en passant à les dévisager toutes, comme pour en choisir une.

Le soir, Sélam, fidèle au rendez-vous, vint l’avertir : il n’avait qu’à monter dans sa chambre, il y trouverait la ramatou tsara[1], objet de ses désirs, et pouvait être sûr, cette fois, de n’éprouver aucune des déceptions de la veille. En ouvrant la porte, il vit, assise sur l’unique chaise, une forme de femme tout enveloppée d’étoffes, immobile comme une statue. Il écarta le voile rouge dont elle se cachait à demi la figure, ôta le lamba multicolore ; une grande fille,

  1. En malgache « belle femme ».