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triomphante. Les lugubres appels des conques se répondaient dans la nuit, de tous les coins de Tananarive. Le massacre devait être fini dans les hauts quartiers ; car un flot humain semblait descendre vers la périphérie de la ville. Sur le chemin qui longeait leur maison, derrière le mur bordé de bananiers, où s’appuyait leur cahute, ils entendaient les pas précipités de groupes en marche. Tous se hâtaient du côté de l’ouest, vers les rizières. Sans doute c’étaient les égorgeurs, qui, leur besogne finie, allaient porter la bonne nouvelle du massacre aux habitants du voisinage, pour soulever l’Imerina entière contre les Vazaha. Le jour naissait, peut-être l’aurore de leur dernier soleil. Ah ! qu’ils regrettaient d’être venus au pays rouge ! Pourquoi n’étaient-ils pas restés dans leur tranquille et plantureuse Normandie, loin des anophèles et des Fahavalou ! Ils maudissaient les ancêtres, marins ou corsaires, qui avaient mis dans leur sang l’amour des aventures lointaines et des soldes coloniales ! Qu’ils auraient voulu, à cette heure, être à trois mille lieues, près de la côte brumeuse de l’Océan Occidental, dans la petite maison grise aux étroits volets, sur la digue marine, ou bien dans le jardin aride, où fleurissent, à l’abri des tamariniers nains, de maigres géraniums !

Les appels des conques se faisaient plus rares, une paix relative descendait sur la ville. Le jour baignait