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Ces trois événements extraordinaires furent commentés sans fin par les deux époux pendant le repas du soir. Ils firent une digestion courte et paisible dans leurs fauteuils de zouzourou, laissant vagabonder leur imagination du pousse-pousse adultérin aux scènes de pillage des Fahavalou. Puis ils se couchèrent, un peu plus tard que d’habitude, parce qu’ils avaient beaucoup causé.

Ils dormirent comme les autres nuits jusque vers deux heures du matin : à ce moment, M. Lefort fut réveillé par sa femme ; elle lui disait d’une voix étranglée :

— Qu’est-ce que j’entends, Lefort ? Écoute ! Écoute ! Ils viennent !

Le mari n’eut pas une seconde d’hésitation : ils, c’étaient les Fahavalou ; en écoutant, comme le lui recommandait sa moitié, M. Lefort perçut les sons étranges d’une conque, dont les appels troublaient lugubrement la nuit. Il reconnut l’andzoumbouna, la conque de guerre des anciens Malgaches, la grande coquille marine, grosse comme la tête d’un homme : on y souffle, en gonflant les joues, à perdre haleine ; M. Lefort se rappelait en avoir vu dans la case d’Andrianampouinimerina ; il savait que les indigènes les employaient encore pour convoquer les Foukounoulouna aux assemblées. Mais à deux heures du matin, il ne s’agissait pas d’assemblée. Alors ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .