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L’OISEAU D’ARGENT QUI CHANTE DANS LA FORÊT


Iasitera vivait dans un petit village betsimisaraka, sur les bords du Mangourou, au milieu de la grande forêt. Depuis plusieurs saisons elle était femme, mais ses parents n’auraient pas pu dire au juste son âge : elle-même savait seulement que sa sœur Indalou était plus vieille qu’elle, et son frère Ibé un peu plus jeune.

Ses années s’écoulaient, monotones et paisibles. Les rares événements marquants, c’était le passage d’un administrateur vazaha ou d’un gouverneur indigène, qui jamais ne s’arrêtaient plus d’une heure ou deux dans ce coin perdu, – ou l’enlèvement d’un bœuf par les caïmans, – ou la mort de quelqu’un du village, suivie de la pompe interminable des funérailles, avec les ripailles de viandes et les saouleries de touaka, – ou les joyeux Sikafara, les fêtes de clans, pour lesquelles on trace en terre blanche les dessins rituels sur le visage des femmes.

Sauf en ces exceptionnelles journées, l’existence de Iasitera