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épandue en marécages. On la traversa sur un barrage de pierres branlantes, rendues très glissantes par l’eau. Les bourjanes de la Malgache, peu chargés, passèrent lestement, en course ; mais les siens, portant un poids beaucoup plus lourd, redoutant qu’un faux pas pût précipiter le vazaha dans le ruisseau, traversèrent lentement, avec mille précautions. Quand on fut de l’autre côté, la ramatou avait regagné au moins cinquante mètres.

— Vite ! Vite ! cria l’administrateur. Il faut arriver à Fiadanana avant la nuit !

Cette fois, en dix minutes, on eut rejoint la Malgache. Déjà ses porteurs d’avant étaient à la hauteur des bourjanes d’arrière de l’autre convoi. Cette sorte de chasse prolongée, les secousses indéfiniment répétées d’arrière en avant qu’on ressent en filanzane, le voisinage immédiat d’une personne de l’autre sexe, avaient exaspéré toute la sensibilité physique de l’administrateur ; en cette minute il désirait violemment l’inconnue. Une chaleur lui monta au visage, au moment de la regarder. Justement la ramatou, lorsqu’ils furent tout près l’un de l’autre, écarta son parasol, et tourna la tête du côté du vazaha.

C’était une très vieille femme, propre et laide.