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disait rien du tout. Douze ans plus tôt, peut-être… Et, pour se donner du courage, il évoquait une Kalou jeune, élancée et fine, beau fruit d’amour cueilli jadis par l’explorateur. Du moment qu’il se décidait à tromper sa femme (Dieu sait à quelles disputes, à quelle vie d’enfer il allait s’exposer !) il eût souhaité d’y prendre au moins un peu de plaisir. Quelle dérision ! Il s’agissait bien de plaisir ! N’était-ce point une corvée de service, tout simplement, qu’il assumait !

Résigné, sans aucun enthousiasme pour les appas plantureux de Mme Kalou, il se préparait en esprit au sacrifice, quand il entendit frapper à sa porte et vit entrer le jeune aide-major, providentiellement revenu de sa tournée :

— Vous ! C’est vous ! Par quel hasard sitôt de retour ?

— Mon cheval s’est blessé au garrot. Je n’ai pas pu continuer mon voyage, et me voilà.

— Vous pouvez dire que vous arrivez à propos. J’avais de vous un besoin urgent.

— Quelqu’un de malade ?

— Non, pas précisément. Ce n’est pas de soins médicaux qu’il s’agit.

— Vous m’intriguez…

— Eh bien ! voici. Je n’irai pas par quatre chemins. Vous êtes un ramatouisant convaincu, vous devez approcher des mille et trois, ô Don Juan austral !