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fraîches dans un chatoyant désordre. Rochard était encore au lit : il se dépêcha de s’habiller et accourut. Kalou accepta une tasse de café noir et des tranches de pain grillé. Ses femmes chantèrent, d’un ton un peu nasillard et en battant des mains pour marquer la mesure, un chant monotone sur une mélodie très simple ; les paroles étaient des salutations, indéfiniment répétées, des vœux de prospérité et de bonheur. Sur le même thème banal, une chanteuse improvisait des variations faciles, en saluant nommément la France, le gouverneur général, le grand vazaha chef de la province, et l’administrateur, chef du district ; les autres femmes reprenaient en chœur. Rochard offrit un peu de sirop et des petits beurres, qu’on agréa. Il y eut encore des chants, puis des danses lentes et graves, avec de souples mouvements des doigts et des mains, les bras restant immobiles. L’administrateur risqua une absinthe ou un whisky soda : l’absinthe fut préférée.

A onze heures, Kalou partit avec son cortège. Sa tante marchait derrière elle, portant au-dessus de la tête royale le parasol rouge ; deux jeunes Sakalaves, à ses côtés, agitaient doucement des éventails indiens en plumes, achetés à des marchands de Zanzibar.

A une heure, l’administrateur les vit revenir avec la même pompe. Il avait réservé pour l’après-midi