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LE REQUIN



Prosper Lanthelme visitait sa cocoterie. La plantation avait trois kilomètres de long sur cent mètres de large ; les beaux arbres, au tronc écailleux et luisant, au panache vert, s’alignaient à quinze pas les uns des autres, le long des grèves de l’Océan Indien. La régularité de ces alignements était interrompue, en son milieu, par un village betsimisaraka, tout en bambous, habité par les travailleurs de la concession.

Lanthelme, en revenant de sa tournée, s’y arrêta. Entre les dernières cases et la mer, quelques rochers perçaient la dune ; à leur pied, à dix mètres de l’eau salée, suintait une source ; elle était presque saumâtre, à peine buvable ; mais les indigènes avaient pour elle une vénération superstitieuse. Une fois que Lanthelme s’y était rafraîchi les mains, ils étaient accourus du village, l’avaient supplié de faire ailleurs ses ablutions, s’il ne voulait attirer sur eux les pires malheurs.

Ce jour-là, il s’assit sur un rocher, non loin de la