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trouve de mari ! Dry ! Pauvre Ranirina ! »

Et l’enfant, sans comprendre, avait crié d’effroi, en voyant sa maman pleurer.

A dix ans, elle apprit les jeux d’amour avec de petits garçons, un peu plus âgés qu’elle ; lorsqu’elle connut la volupté de l’acte, elle ne refusa point les étreintes des hommes, qui l’entraînaient parfois, au hasard des rencontres, dans l’ombre d’une case.

Aucun étranger ne passait dans le village, situé près d’une lagune peu profonde, séparée par des bancs de sable du grand lac. Or voici que d’importants changements eurent lieu dans le pays. Des hommes blancs, venus d’au delà les mers, s’étaient emparés de la terre des Houves et de celle des Betsimisaraka ; ils étaient arrivés en grand nombre par la route des bourjanes, de l’autre côté des lagunes ; ils avaient creusé les bancs de sable qui séparaient du grand lac les domaines de pêche du village ; ils avaient ouvert des canaux à travers les Pangalanes, relié par des chemins d’eau toutes les rivières et tous les lacs de la côte. Les pirogues pouvaient aller maintenant d’Ivoundrou à Andevourantou. Les vazaha, en un jour, faisaient ce long trajet, sur d’énormes bateaux en fer, hauts comme des maisons et qui marchaient tout seuls, en crachant de la fumée. Deux fois par semaine, ces bateaux s’arrêtaient au village de Ranirina. Les vazaha en descendaient pour se promener,