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pareilles aux multiples branches d’un chandelier ; d’étranges coraux avec des ramures de bâtonnets verts ; des cactus-cierges à fleurs jaunes et rouges qui crevaient l’écorce ; et des plantes grotesques, semblables à des outres ou à des manches à balai.

De loin en loin quelques flaques d’eau rappelaient, le long du large ruban de sable, le cours possible d’une rivière ; alors, dans le fouillis de la végétation cactée, de vrais arbres faisaient comme une oasis : saules à feuilles allongées, avec des troncs presque blancs, et tamariniers énormes, à la verdure sombre.

Un bourjane apporta un fragment, grand comme la main, d’une sorte d’épaisse coquille jaunâtre et polie : c’était un débris d’œuf d’Aepyornis. L’Européen, se haussant sur son filanzane, vit que le haut talus sableux, à l’orée du taillis de raquettes, était jonché de ces débris ; il se rappela les fémurs énormes vus au musée de Tananarive, et il considéra la berge où avait vécu, peut-être quelques générations humaines avant lui, le Sur-Oiseau, aux lourdes pattes, le volatile fantastique des vastes îles de l’Océan Indien, dont les marchands arabes des Comores firent l’oiseau Rok des Mille-et-une Nuits.

L’absence presque complète de vie animale contribuait à la mélancolie du paysage hanté jadis par ces monstres ; dans cette verdure raide et pétrifiée, où