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à l’agent de police qui était ce bizarre grand vieillard, un peu courbé ; mais le nom d’Impouinimerina, roi des Bara, ne lui disait rien, et il passait en souriant.

Tananarive n’intéressait pas Impouinimerina : il l’avait rêvée si grande et si belle qu’il la trouvait laide et sale. Les postes-vigies vitrés et le kiosque d’Andouhalou retinrent son attention ainsi que les voitures traînées par des chevaux. La cathédrale, pavoisée pour une fête religieuse prochaine, lui fit une impression profonde ; il eût souhaité d’avoir une pareille case pour y loger les Cornes-liées-du-Bœuf-rouge. Par contre il donna tout juste un coup d’œil distrait aux automobiles ; il ne comprit rien à cette invention des vazaha ; sans doute des hommes étaient cachés à l’intérieur pour les faire marcher, et il préférait les voitures tirées par des chevaux.

Une après-midi qu’il était ivre, il frappa dans la rue un noir de la Réunion, qui se moquait de lui. Mais ce noir était citoyen français, il traita Impouinimerina de sale nègre, ameuta les gens ; le roi bara connut l’humiliation d’être conduit au poste. Embarras du commissaire ; échange de coups de téléphone avec le 7e Bureau : comment concilier les égards dus à un roi, hôte du Fandzakana, et les droits imprescriptibles d’un citoyen français ? On finit par désintéresser le créole noir, qui était indigent, en lui