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du lien qui la fixait et se répandit sur le sol. Les Anciens venaient de manifester leur présence devant leurs enfants rassemblés dans la case : ils avaient rompu eux-mêmes la gerbe liée par le descendant indigne.

Hommes et femmes sortirent ; pleins d’épouvante et d’horreur, ils se répandirent dans le village. Tous les habitants vinrent sur la place et firent un grand kabary, pour décider du sort de l’homme qui avait fait mourir ses propres enfants. Le Possesseur-des-Oudy-forts, dénonciateur du crime, parla le premier, il énuméra les purifications nécessaires ; un vieillard se rappela que son père lui avait raconté une histoire semblable, arrivée dans un pays éloigné, à cinq jours de marche vers le Nord, du temps du roi Radama. D’un commun accord on décida que Ranaivou serait rejeté hors du clan, on déclara son ancien nom aboli, interdit désormais à tous les mâles du village, vivants ou à naître, on l’appela Celui-qui-fit-mourir-ses-enfants. Des esclaves nés hors du pays allèrent chercher l’homme et l’amenèrent sur la place. Le mpanô-oudy chanta contre lui la grande malédiction des crimes inexpiables, l’imprécation qui extirpe un être de la Race et de la Terre ancestrale. Le frère de Ranourou, devenu le père des petits, puisqu’ils étaient les fils de sa sœur, et que leur ancien père n’existait plus, dit alors à Celui-qui-fit-mourir-ses-enfants :