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or les indigènes lui rendaient les plus grands honneurs, mais les Européens et même les créoles le traitaient sans le moindre respect ; ils allaient jusqu’à le tutoyer. En ces conjonctures pénibles, le sang de l’ancêtre Violhardy bouillait dans ses veines, mais l’humeur tranquille des grand’mères cafres ou malgaches remettait tout en équilibre, et le gouverneur principal se rattrapait sur ses administrés des injures de ses supérieurs.

Un beau matin, au commencement de 1906, l’administrateur-maire le fit appeler et lui dit :

— Veux-tu faire un tour en France aux frais du Fandzakana, Ravioli ? Le gouverneur général a décidé dans sa sagesse d’envoyer deux ou trois Malgaches de marque à l’Exposition de Marseille. Tu me parais tout à fait propre à représenter chez nous tes congénères. Est-ce dit ?

Le gouverneur principal eut une seconde d’hésitation. Quitter Tamatave pouvait être dangereux : ses ennemis ne profiteraient-ils pas de son absence pour révéler à l’administration certaines choses qu’il valait mieux tenir cachées ? D’autre part sa vanité le poussait à accepter d’enthousiasme : l’importance même de la mission était pour lui une garantie de sécurité ; il dit oui.

Un mois plus tard, il s’embarquait sur le paquebot des Messageries Maritimes à destination de Marseille. Auparavant il avait tiré de la situation tout