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de Berlon ; elle engraissait, comme beaucoup de femmes houves après vingt ans ; ses traits s’épaississaient légèrement. Mais elle restait très désirable et gardait une cote excellente au marché des ramatous tananariviennes. Elle en abusait avec un cynisme qu’eussent envié, au pays des vazaha, maintes professionnelles. Elle était passée maîtresse dans l’art de tromper son amant, sans qu’il en eût le moindre soupçon ; peu de ses amies enflaient plus qu’elle leur note mensuelle au Louvre, et Renouard avait consenti à lui commander des robes à Paris. C’était, pour une ramatou, la consécration définitive. Zanamanga n’en avait pas besoin ; mais, de ce jour, toutes les femmes blanches s’occupèrent de ses faits et gestes, redirent aux mille échos de leurs salons les bons tours qu’elle jouait à ces messieurs. Le pauvre Renouard était plus aveugle que le mari le plus cocu de la ville, et Dieu sait si cette espèce était bien représentée. Le tarif de la demoiselle était très abordable : un louis, et quarante sous à la mère Lejeune qui servait d’intermédiaire. Par quoi cette guenon habillée en Européenne pouvait-elle bien séduire les hommes ? C’est ce que ces dames se demandaient dans les réunions mondaines et les five o’clock. Elles ne trouvaient pas de réponse satisfaisante. Cependant Zanamanga restait à la mode, et ses rendez-vous faisaient prime. On citait d’elle des traits glorieux.