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de Rabery. Il la sollicitait depuis plusieurs semaines ; elle était résolue à tenter en sa compagnie l’essayage préliminaire de tout mariage malgache. Il habitait une petite maison au pied de la colline d’Ambouhidzanahary, à l’ouest de Mahamasina. A l’entrée du sentier, sous les lilas de Perse, stationnait un pousse-pousse à deux places, commandé pour la promenade. Il était huit heures passées ; le temps s’annonçait très chaud. On partit de suite, et le pousse, longeant le petit lac d’Anousy, fila par la Route Circulaire, à bonne allure. La capote était relevée ; sur le devant une rabane tombait, sous prétexte de garantir du soleil, en réalité pour dissimuler le couple aux regards indiscrets des passants. Le vazaha parlait de choses indifférentes, tâchait de faire rire Zanamanga. Dès qu’on eut dépassé Ankadifoutsy, il passa le bras autour de sa taille et lui murmura les mots amoureux qu’on dit aux ramatous en pareille circonstance. Elle se laissait faire, décidée au prochain abandon de sa personne ; c’était là du reste un détail de si peu d’importance qu’elle n’y songeait pas. Elle pensait plutôt à sa future position. Serait-elle brillante ? Y aurait-il de sérieuses économies à réaliser ? En Houve pratique, elle s’occupait depuis longtemps d’assurer son avenir. Elle achetait des bœufs, des rizières, même des cases. Dans le quartier d’Ambanidia elle possédait une maison louée à des Européens et deux