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toutes les ramatous infidèles, sauf la leur ; il était convaincu que Zanamanga l’avait trompé, avec des blancs pour de l’argent, avec des gens de sa race pour le plaisir. Il ne lui en voulait pas ; lui-même n’avait pas dédaigné quelques passades avec d’autres ramatous, et, si une femme blanche de Tananarive, une femme du monde l’eût distingué, il eût peut-être lâché Zanamanga sans vergogne. Leurs amours n’avaient pas commencé par un coup de foudre, mais par une simple surenchère ; un jeune Allemand, employé au Comptoir Schwarzfeld, lui donnait deux cents francs par mois ; Berlon, en offrant deux cent cinquante, avait séduit la jeune Houve. Pourtant il avait presque oublié ce marchandage initial de leur liaison ; il aimait mieux se souvenir de la lente et savante conquête qu’il avait tentée de sa maîtresse. Il était possédé de cet amour-propre, particulier aux Français, qui ne se résignent point à ne pas être aimés pour eux-mêmes ou du moins à ne pas en afficher l’illusion. Il avait cherché à faire vibrer Zanamanga dans sa chair, si complaisante, mais toujours passive. Et ces tentatives, même restées vaines, n’avaient pas été sans lui procurer de rares jouissances. Il en savait gré à sa maîtresse ; et il eût renoncé à d’appréciables avantages de carrière, pour n’être pas séparé d’elle.

Zanamanga n’aimait point Berlon, au sens européen