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à prendre le poisson, d’un nid de takatra dans un arbre.

D’humeur bizarre et capricieuse, tantôt il se fâchait à propos de rien, il criait comme un être dénué de raison, ses yeux s’injectaient, et il devenait tout rouge, comme un Coq-sans-queue qu’il était. D’autres fois, pour une véritable faute, il ne disait rien et restait indifférent, si bien qu’on ne savait jamais s’il allait rire ou se fâcher.

L’inégalité même de son caractère en imposait aux bourjanes. Et puis c’était malgré tout le vazaha, l’être prédestiné, à qui l’Andriamanitra a donné une peau blanche et un esprit subtil.

De temps en temps il manifestait sa supériorité par un acte inattendu. Un jour, après un orage, il avait fallu s’arrêter, à une heure de l’après-midi, dans un village en ruines, abandonné de ses habitants. Il s’agissait d’allumer du feu pour se sécher et cuire le repas ; or les bagages se trouvaient encore loin en arrière, et les boîtes d’allumettes des bourjanes, trempées par la pluie, étaient inutilisables. Alors le vazaha tira de sa poche un morceau de verre taillé et força les rayons de l’Œil-du-jour à venir s’y rassembler pour enflammer une poignée de bouzaka. Une autre fois qu’un porteur était très malade, le Coq-sans-queue lui avait fait avaler une poussière blanche, et l’homme s’était trouvé guéri dans la nuit. Puisqu’il connaissait les bons