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front fuyant, son toupet de cheveux d’un roux ardent, ses mouvements raides et brusques, lui donnaient un vague aspect de gallinacé. Les bourjanes en avaient été frappés au premier coup d’œil, et, habitués à gratifier tous les Européens d’un sobriquet, ils avaient appelé leur vazaha le Coq-sans-queue. Ce fut le sujet de plaisanteries interminables et faciles.

On eut vite fait aussi d’imposer au voyageur de bonnes habitudes. Le départ n’eut jamais lieu avant six heures du matin, on s’arrêtait vers huit ou neuf heures pour manger du manioc ou des bananes, et l’étape, bon gré mal gré, était fixée au village choisi par les bourjanes. Ils n’en tiraient aucune vanité : c’était presque de tradition dans leur corporation, et beaucoup de vazaha, à leur insu, étaient menés en même temps que portés par leurs hommes. Ralahy et ses camarades s’efforçaient en conscience de tirer des occasions offertes tout ce qu’elles comportaient d’avantageux et abusaient sans scrupule de l’inexpérience du vazaha. Il leur paraissait si bête, le Coq-sans-queue : il ajoutait foi à tout ce qu’on lui racontait, et le bourjane le moins habile pouvait lui persuader n’importe quoi. Pour un vazaha, il n’était guère savant : il demandait le nom des choses et des plantes les plus simples, et il semblait qu’il n’eût jamais rien vu. Il était comme un enfant qui s’amuse de tout, d’un pilon à riz, d’un tandroho