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— Le malheur vient comme sur des pattes de chat, sans qu’on l’entende marcher.

Et soudain la tristesse du crépuscule, qui tombait, assombrit toute la joie de Ralahy.

Trois jours plus tard il quittait Tananarive par la route du Sud. La troupe se composait de dix-sept personnes, le vazaha, conducteur des Travaux publics, chargé d’étudier des projets de routes dans la région de l’Ankaratra, huit bourjanes de filanzane, parmi lesquels Ralahy, sept porteurs de bagages et un cuisinier. Presque tous étaient bourjanes habituels des transports civils et se connaissaient de longue date ; aussi l’intimité s’établit tout de suite entre eux, et, dès les premiers kilomètres, il régna un entrain de bon augure. Ralahy était un des loustics de la bande : pas un ne savait, comme lui, trouver et fixer d’un mot les ridicules des gens et des choses, ou raconter d’une façon plaisante les bonnes histoires qu’on se répétait dans les milieux malgaches, à Tananarive. Tous observèrent d’abord le vazaha, pour savoir s’accommoder à ses goûts, flatter ses travers et profiter de ses vices, s’il en avait. Personne d’ailleurs ne le connaissait : il était récemment arrivé en Imerina. Maigre et dégingandé, il avait des jambes longues aux genoux saillants, serrées dans un pantalon kaki trop étroit ; son buste était légèrement penché en avant ; sa figure glabre en lame de couteau, au nez pointu, au