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Brusquement il se décida, et fit même un mouvement pour se lever : il voulait aller trouver de suite son commandeur ordinaire et s’embaucher comme bourjane de filanzane pour le plus prochain départ. Mais l’ombre allongée des lilas de Perse sur la route marquait presque l’heure de piler le riz ; il résolut d’attendre au lendemain. Il s’étira, développa son lamba, puis en ramena les plis, d’un geste lent, par-dessus l’épaule, et il se renferma, sans plus penser à rien d’inquiétant, dans la contemplation des choses familières.

Une sorte de buée violette et lumineuse faisait paraître très lointaines les collines par delà l’Ikioupa, et tout près, au milieu des rizières, émergeaient les masses sombres de verdure où se dissimulaient à demi les villages de Lanivatou et de Nousipatrana. L’air était pur et très doux ; de petits souffles de vent, qui semblaient sortir de l’ombre des maisons et des arbres touffus, venaient rafraîchir le visage de Ralahy et caresser ses cheveux. Des fumées bleuâtres filtraient à travers le toit de chaume de la case, flottaient un instant çà et là, comme hésitantes, et se perdaient dans l’espace. La plus jeune des filles du bourjane, Ketamanga à la chevelure ébouriffée, survint avec une baguette de mûrier et poussa les poules vers la maison. Les cochons étaient rentrés d’eux-mêmes dans leur petite case en boue sèche. Puis Rasoua, la cadette, parut