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ou les Antaimourou, dont les femmes ne se prostituent pas aux étrangers, il savourait le renouveau des caresses de sa vady, Ranourou la Houve, la mère de ses deux derniers enfants, ses préférées. Les conversations avec les amis suffisaient à remplir d’abord les jours monotones ; de temps en temps il allait au Service des Transports, dans la grande cour ensoleillée, où stationnent toujours de nombreux bourjanes, des camarades en partance ou en quête de portage. Il faisait là de longues causeries, assis sur le petit mur qui borne la cour, ou sur les marches du haut escalier qui monte vers Antaninarenina. D’autres fois il engageait d’interminables parties de fanourana avec les bourjanes des Domaines, renommés pour leurs loisirs, sous les arcades de l’avenue de France, ou avec ceux de la Douane, paresseux et bavards, dans la rue paisible tout en haut de la ville, ou avec ceux du Gouvernement Général, qui sommeillent, ignorés et tranquilles, dans les sous-sols de la Résidence.

Mais toujours, avant même qu’une lune fût passée, le besoin de la vie nomade le reprenait, et le désir de la brousse, des surprises de l’étape, des arrivées dans les cases inconnues, des ripailles aux lueurs vacillantes du foyer, et des nuits pleines de kabary et de musiques, de chants et de danses, où les villages entiers fêtent, avec des valiha et des femmes, les bourjanes de Tananarive.