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caïmans pour remonter les fleuves, jamais ils ne verraient Tananarive.

Cependant les dieux, après trente ans, se souvenaient : ils laissèrent monter les envahisseurs. Pour se défendre, les Houves enrôlèrent même des esclaves, et le fils de Ratsimba, âgé de vingt ans, partit pour Andriba, avec un convoi de troupes hâtivement levées. Un mois plus tard des fuyards passèrent : ils apprirent à Ratsimba l’approche des Français et la mort de son enfant, tué d’une balle pendant la déroute ! L’esclave, résigné, pleura, et tendit son esprit dans l’attente de la nouvelle servitude.

Puis, pendant plusieurs mois, eurent lieu des événements confus, auxquels les paysans des environs de Tananarive ne pouvaient rien comprendre. Les Français avaient pris la ville, s’y étaient installés, pourtant Ranavalouna restait reine de Madagascar et rien ne semblait changé dans le gouvernement. Seulement les Fahavalou s’étaient multipliés et leurs bandes tenaient la campagne presque jusqu’aux portes de la capitale. Rainiketamanga, toujours en possession de la faveur de la reine, avait vu grandir ses honneurs et s’accroître ses profits. Il méprisait les envahisseurs de la terre imérinienne, assez faibles et assez sots pour n’avoir pas su tirer parti de leur victoire ; tout en se courbant servilement devant eux, il les haïssait d’une haine