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POÉSIES INÉDITES


Toutes ont le nœud familier.

Nœud piqué dans leur chevelure,

Nœud sur le bout de leur soulier,

Nœud par derrière en boursouflure.


Chacune a son endroit privé

D’où ses regards quêtent fortune,

Un bout de trottoir réservé

Sous un bec de gaz pour chacune.


" Bonsoir, Monsieur ! Monsieur, bonjour ! "

La voix aigre sur un air tendre,

Elles font mine de comprendre

Le peu qu’on leur parle d’amour.


On aime autant l’autre que l’une.

Quand on accueille celle-ci,

Avec tant d’art l’autre importune

Qu’on voudrait bien la prendre aussi.


Pour l’inconnu qu’elle remise

Chacune a, le corsage ôté,

Le même à-peu-près de beauté

Sous son à-peu-près de chemise,


La même façon d’embrasser,

De se pelotonner sur elle,

De s’endormir et de laisser

Monsieur rêveur dans la ruelle.


Et, tous les jours, même tracé :

Soit par contrainte, soit qu’elle aime

Cette existence à prix fixé,

Son histoire est toujours la même.