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LVII
PRÉFACE.


snobs y de viveurs de ras tas y qui ne voient pas plus loin que leurs lunettes cerclées d’écaillé, qui régentent tout, qui tranchent de tout à la foire sur la place, laissée de côté l'immense joule qui, tant à Paris qu’en province et aux champs, a pris conscience d’elle-même par le truchement des écrivains qui, sortis d’elle, maintiennent l’affirmation de leurs origines. Mais Mascarille maintient, lui, que hors de Paris, et d’un Paris limité à ses extrêmes, c’est-à-dire aux souteneurs de l’aristocratie et des faubourgs, il n’y a point de salut littéraire possible : on s’en doute bien, parbleu ! Il n'est que de justice de reconnaître que Mascarille a, sinon vieilli, vécu près de trois siècles depuis Molière, et qu’il consent à reconnaître province et campagne, à la condition qu’elles se montrent à lui embellies — estime-t-il, — par l’alexandrin ou par le roman à thèse. Mascarille — et il était écrit que ce serait un de ses avatars, — est devenu régionaliste : le pauvre homme ! Où vous parler littérature, il ira même jusqu’à vous répondre industrie et commerce. Quand vous proférez cette vérité première, qu’il ne soupçonnait pas au XVIIe siècle, que l’homme est partout le même : aux champs, en province et à Paris, Mascarille vous apprendra ce que vous savez de reste : qu’il faut veiller, non pas au salut de l’Empire, mais à la décentralisation de l’administration. Et quel dommage qu’il y ait là plus que la matière d’un alexandrin !

Nulle part ailleurs qu’en France n’existe cette distinction absolument factice entre la littérature tout court et la littérature régionaliste. Peu importe à Mascarille. S’il admet, depuis quelque temps, que province et campagne aient droit de cité littéraire, ce n’est encore que sous conditions, et qui sont celles que j’ai dites : alexandrin vide de toute substance, roman à thèse, cet horrible mélange de littérature de sentiment et d’imagination et de littérature d’idées. Mascarille a élargi sa formule, qui n’en