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LA GLOIRE DU COMACCHIO

de Donatello, Judith et Holopherne. La seconde, le Persée à la Méduse de Cellini. La troisième, Andromède et le dragon, de Baccio.

Cesare comprit. Sous forme de moulages peints, de fantômes, de non-valeurs, Baccio s’était procuré les deux merveilles de la Loggia dei Lanzi, pour mieux persuader au duc que son Andromède les valait bien et qu’elle était sans contredit le pendant du Persée.

Et le plus extraordinaire, c’est que cela fût vrai.

Tubal écoutait Cesare porter son jugement d’une voix basse et sifflante, comme on exhale une douleur :

— « Ah !, tu l’avais bien dit : c’est presque une perfection. Cette statue-là serait inestimable, si elle s’éloignait davantage et du Persée et de Chiarina. Mais ce n’est qu’un pastiche dont le seul mérite est d’être un bon portrait… Au surplus, la ressemblance est d’une exactitude émouvante ! On jurerait que c’est elle, Tubal, Chiarina !… »

Le Juif pensa que Bordone voyait sa femme poser devant son rival, nudité ferme et tendre