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LE BROUILLARD DU 26 OCTOBRE

mesurait peut-être vingt pas de rayon, quand Fleury-Moor conclut :

— « C’est un mirage, comme au désert. Seulement, c’est un mirage particulier, qui nous enveloppe et nous donne non pas l’illusion d’apercevoir au loin quelque irréalité de lac et d’oasis, mais l’illusion d’être quelque part, en Afrique, ou ailleurs. »

— « Oui, » ajoutai-je, « ce qu’il a de particulier, c’est en effet qu’il nous enveloppe. Mais c’est encore qu’il se produit à une distance considérable de l’endroit miré. Et c’est, par-dessus tout, qu’il affecte l’ouïe et l’odorat aussi bien que la vue ! »

— « Optime. C’est un mirage qui nous fait voir, entendre et respirer ce qui est très loin de nous. Il y a sympathie optique, acoustique et osmologique dans l’espace — tout au moins dans un sens — entre le lieu où nous sommes réellement et le lieu qui se projette sur le brouillard autour de nous. Je savais bien que le sable rouge… Voyons : l’Égypte, n’est-ce pas ?… Non ?… »

— « Non… », répétai-je, étonné jusqu’à l’émotion. « Plus au sud… Je crois… je crois