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LE VIGNERON DANS LA VIGNE



II


Je ne me fatigue pas de l’observer avec une stupeur croissante qu’elle ignore. Elle me laisse mener la causerie. Elle répond toujours patiemment, n’interroge jamais et si je cesse de parler, elle garde le silence. D’une phrase à l’autre, nous avons le temps de rêver à notre aise.

C’est un des signes de sa vieillesse qu’elle oublie quelquefois son sexe. Elle ne pense plus qu’elle est du féminin et elle dit:

— Jeune, je n’étais pas gros, j’étais petit, mais sain et fort de tempérament.

On n’ose la reprendre ; c’est bien tard pour rectifier.