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fin du journal

les Sarvants n’ont pas fait de capture humaine. Il est plausible que les Bugistes ne sortent plus du tout, d’une part, et que, d’autre part, les Sarvants ont complètement renoncé à se risquer au delà du fond de leur mer.

§ L’homme est mort. À qui le tour ?

§ À qui le tour ?

2 août.

On poursuit la dissection des membres du misérable. Cela peut durer encore quelque temps.

3 août.

Ils l’ont jeté ce matin, en plein jour. Ils ont jeté ses restes à la mer. Et ils ont jeté aussi tout le sang, sous l’empire de je ne sais quelle idée inexplicable, superstitieuse peut-être…

4 août.

Un mois que je suis ici, impuissant à voir ce monde baigné de lumière, prisonnier de ce monde comme d’une étrange nuit sans obscurité, comme dans des ténèbres éblouissantes.

§ Moi qui ai tant souhaité voir Marie-Thérèse de plus près, je ne crains plus que ceci : la voir de trop près !

§ C’est une rage : ils taillent tout, ils charcutent tout. Des rameaux tressaillent et perdent, une à une, leurs feuilles ; puis se cassent et se divisent en mille découpures. Des pierres se fendent avec une apparente spontanéité. Des oiseaux, des mammifères et aussi des poissons se couvrent de balafres. — Mais la salle opératoire des hommes est vide pour le moment.

§ Elle ne l’est plus. Il faut qu’il y ait une Providence, j’ai besoin de la remercier ; ce n’est pas Marie-Thérèse ! Mais je ne veux plus regarder par là.