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assomption

roches plates et provoquant des chutes de pierres qui le précédaient, l’accompagnaient et le suivaient, — si bien que sa déroute fut un éboulement.

Cependant, sous lui, les toits de Mirastel grandissaient à vue d’œil.

Il arriva trempé de sueur, livide et frémissant, avec des écorchures qui saignaient, nu-tête et vêtu de haillons. Il pénétra dans un boudoir où les siens et Robert se trouvaient réunis autour d’un samovar ; et, tandis que chacun se précipitait à sa rencontre, Maxime s’effondra et se prit à sangloter, triste jusqu’à la mort d’avoir été si fat et d’être devenu si lâche.

On le fit asseoir dans un fauteuil. Mme Le Tellier l’entourait de ses bras maternels. Mais il ne distinguait personne, faisait des mouvements d’impuissance et de pitié, et répétait, au milieu de ses larmes, des paroles imprévues :

— « Marie-Thérèse !… Oh ! mon Dieu !… Que lui a-t-on fait ?… Où est-elle ?… Où est-elle ?… Oh ! c’est effrayant !… »

Son père lui fit boire une tasse de thé largement coupé de rhum.

— « Allons, mon petiot, qu’est-il arrivé ? Raconte nous ça. »

Maxime raconta. Il finit par l’aveu de sa couardise ; et alors le désespoir le reprit comme avant. Il se cognait le front d’un poing fébrile, disant qu’il voulait repartir, voler au secours du petit Jeantaz…

M. Le Tellier le lui défendit, et réquisitionna cinq paysans et quatre serviteurs, à l’effet d’accomplir ce devoir.

— « Nous étions cachés… cachés par les feuilles », hoquetait le piteux Maxime. « C’est pour cela que nous n’avons pas été attaqués ! » Puis, sous l’influence combinée du rhum et de la tristesse, il larmoyait : « Elle est partie, mon Dieu, comme un bouchon qui saute !… Un pauvre petit bouchon, mon Dieu !… Et sa pauvre petite voix qui s’étranglait… et puis tout à coup qui s’est brisée, si brusquement !… Et moi qui n’ai rien fait ! Ho ! rien !… »

Ses parents échangeaient, par-dessus sa tête, des